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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Retour à Whitechapel ?
"Si le sujet de Jack l'Éventreur ne me paraît jamais inintéressant, il me faut confesser que c'est ici surtout la couverture qui m'a donnée envie d'acheter ce livre. Ajouter à cela que j'ai rencontré l'auteur, très sympathique, aux Quais du Polar 2016, et vous comprendrez que toute résistance était inutile."
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Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"À la mort de son père, Amélia Pritlowe, infirmière pendant le Blitz, va découvrir que sa mère n'était autre que Mary Jane Kelly, la dernière victime de Jack. Elle n'aura alors plus qu'une idée en tête, traquer celui qui lui a enlevé sa mère..."
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Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"J'ai beaucoup aimé la force de l'écriture de Michel Moatti qui nous emmène, sans l'ombre d'un doute, dans les rues sombres de Spitalfields, au milieu de la misère et du désespoir. J'ai particulièrement été marquée par la scène de la grève que je vous laisse découvrir sans vous en dire plus. Après, je n'ai finalement pas plus été happé que ça par l'histoire, qui se décompose, selon moi, en de trop nombreux éléments: des extraits du journal d'Amélia en 1941 puis retour en 1888 pour l'enquête sur la mort de Mary Jane Kelly, puis retour en arrière encore pour retracer les premiers meurtres, puis on repart pour observer les dernières heures de Mary encore en vie. Cette découpe est fatigante et casse le récit, c'est dommage."
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Et comment cela s'est-il fini ?
"J'ai beaucoup de choses à dire sur la fin et ce, sans vous spoiler. Littérairement, j'ai beaucoup aimé la façon dont tout cela se termine, ce qui est évidement très positif, mais du point de vue de l'énigme réelle que l'auteur tente de résoudre, à savoir la véritable identité de Jack l'Éventreur, je ne suis pas convaincue. Pas convaincue une seconde, tout d'abord, par les arguments que Michel Moatti à l'air de trouver irréfutables quand ils sont bien minces, mais surtout, la déception vient du fait qu'il ne répond absolument pas à la question essentielle qui est pour moi plus "pourquoi" que "qui". Pourquoi Jack tuait et surtout, surtout, pourquoi s'est-il arrêté ? Et alors même qu'il nous vante son portrait psychologique du tueur, il en manque la partie principale. Je salue en revanche les dernières pages qui, après la fin de l'histoire, retrace le portrait des protagonistes et des évènements et nous apportent quelques éclaircissements, des pages qui selon moi devraient être systématiques lorsque l'on romance un sujet réel et qui sont pourtant bien rares."
Mlle Alice, merci, et à jeudi prochain...