- Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec La Part de l'Autre?
"Ce livre m'a été offert par mon oncle, ce qui m'a particulièrement touché parce qu'il est très rare qu'il nous fasse un cadeau personnalisé, mais nous avions eu une discussion sur ce livre et il s'en est souvenu à Noël."
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Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Eric-Emmanuel Schmitt se pose une question: que se serait-il passé si Hitler avait été admis aux Beaux-Arts. Partant de là, il nous raconte tour à tour la vie d'Hitler, futur dictateur, et celle d'Adolf H., peintre en devenir."
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Mais que s'est-il exactement passé entre vous?
"Je trouve le postulat de départ extrêmement intéressant, je n'ai pas fait des études de psychologie pour rien, je suis passionnée par le raisonnement humain et le fonctionnement de chacun. Malheureusement, j'ai été assez vite déçue. Tout d'abord, ce n'est pas qu'un tout petit élément qui change, mais à peu près toute sa vie. Alors je veux bien admettre que le moindre petit changement aurait pu entraîner une réaction en chaîne mais là, vraiment, c'est trop, on en revient à se demander ce qu'il se serait passé si Hitler n'avait pas été Hitler et ça n'a plus vraiment d'intérêt. De plus, il y a une part de ridicule dans ce récit qui fait qu'on ne peut le prendre au sérieux et qu'on n'y croit pas une seconde. C'est bien dommage parce que j'aurais vraiment souhaité me laisser convaincre mais il aurait fallu pour cela je pense que j'arrive à retrouver le même homme malgré les différences, et des parallèles dans leurs vies, quelque chose qui les rattache l'un à l'autre.
Pour ce qui est de la partie romançant la vie d'Hitler, j'ai là aussi des réserves quant à un évènement se déroulant juste après la première guerre qui vient presque le déresponsabiliser de ses actes (attention, je ne veux pas du tout dire par là que l'auteur l'excuse d'aucune manière!). Dans la postface, Eric-Emmanuel Schmitt explique à quel point il est important de ne pas déshumaniser Hitler, de ne pas s'imaginer qu'il n'est pas comme nous et d'affronter toutes les parts sombres que peut revêtir un Homme mais, justement, je trouve que c'est ce qu'il finit par faire dans le livre, et choisit ainsi la facilité.
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Et comment cela s'est-il fini?
"Pour ce qui est du roman en lui-même, il est incontestable que je ne suis pas séduite. En revanche, en lisant le journal d'écriture de l'auteur, je me dis que nous pourrions avoir des conversations véritablement passionnantes! Par exemple sur sa théorie expliquant que si Hitler reste si tabou en France (essayez de demander sa bio en librairie), contrairement à l'Angleterre, c'est parce que nous, nous ne l'avons pas vaincu.
D'ailleurs, un dernier mot pour dire que j'ai été particulièrement choqué par le fait que certains des amis de l'auteur se sont fâchés avec lui sous prétexte qu'il osait aborder ce thème quand moi je trouve qu'il serait au contraire criminel de ne pas s'y intéresser. J'ose espérer que les personnes qui lisent mes chroniques sont plus intelligentes et plus ouvertes d'esprit que ça, alors à ceux qui s'apprêtaient à laisser un commentaire désobligeant, merci de passer votre chemin."
Mlle Alice, merci, et à mercredi prochain...
Commentaires
Ce roman est dans ma PAL depuis pas mal d'années car je trouve justement que le sujet est original.
Ton avis mitigé m'intrigue car généralement les avis sont très positifs autour de cet ouvrage.
Je n'ai lu aucun autre avis pour ne pas me spoiler mais je vais aller voir ça, essayer de comprendre à côté de quoi je suis passer. Je pense que j'avais trop imaginée ce que serait l'histoire à l'avance en fait.
Il est toujours dans ma wishlist ! C'est vrai que l'idée de départ est intéressante, après j'espère juste être plus conquise que toi ;) I'll see !
Je pense que ça reste dans tous les cas un livre intéressant à lire.