Babel de R.F. Kuang

• Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Babel ?

   "Il n'y avait absolument aucune chance que je résiste à cette lecture. La couverture est sublime, les retours sur le livre à sa sortie en anglais étaient excellents et les autres romans de l'autrice m'intriguent également. Ajoutez à cela le sujet et le cadre et j'étais perdue."

• Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

   "Robin Swift a été sauvé de la mort et de la misère à Canton pour être élevé comme un anglais à Londres et devenir un grand traducteur de Babel. Alors, quand il entre à Oxford dans ce but, il croit être enfin au paradis mais il va vite découvrir que c'est peut-être tout le contraire..."

• Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?

   "Ce livre me laisse des impressions très différentes selon les parties et les sujets traités. L'idée de départ est excellente : originale, complexe, intelligente, rien que ça. Tout ce qui tourne autour de la traduction l'est et les discussions sont réellement passionnantes si c'est un thème auquel vous portez un minimum d'intérêt. C'est ce qui fait que j'ai aimé la première moitié du roman même s'il ne s'y passe quasiment rien.

   Oui parce que voilà, côté roman, c'est assez faible à mon goût, tout arrive un peu tard, on ne sait pas trop comment, et la magie est si peu présente ! Quel dommage d'avoir bâti cet univers incroyable pour si peu l'exploiter... Bref, j'ai aimé la théorie mais un peu moins la pratique.

   Enfin, il y a le traitement du racisme et du sujet colonial. Je l'ai trouvé très bien au début mais j'ai finalement été déçue par la dichotomie absolue du roman, les blancs d'un côté, le reste du monde de l'autre. Je ne suis pas assez naïve pour ne pas savoir ni comprendre que l'on est très proche de la réalité de l'époque mais je n'ai pas envie de penser que nous n'avons aucune chance de pouvoir vivre ensemble."

• Et comment cela s'est-il fini ?

   "La fin aurait pu être parfaite si... Si elle n'avait pas été si évidente dès les premières pages pour moi et surtout si l'autrice ne prônait pas la violence comme seule solution possible pour faire changer les choses. Non seulement je trouve cela extrêmement dérangeant mais en plus je trouve extrêmement dérangeant, voire inquiétant, que cela semble ne déranger personne."

 

    Mlle Alice, merci, et à lundi prochain...

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Alors, vous craquez pour "Babel" ?

Dark Days de James Baldwin

• Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Dark Days ?

   "Parmi tous les écrits de cette petite collection qui sont dans ma wishlist, c'était un de ceux que j'avais le plus envie de lire, très curieuse de découvrir cet auteur, je n'ai donc pas hésité lorsque je l'ai croisé en librairie."

• Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

   "Cet ouvrage rassemble trois textes courts de James Baldwin sur le racisme et les conflits raciaux aux États-Unis : Dark Days, the Price of the Ticket et the White's Man Guilt."

• Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?

   "C'est passionnant et il me faudra sûrement le relire pour en comprendre chaque intention, chaque reflexion. Baldwin évoque son enfance, sa vie de professeur et tout simplement sa vie d'homme, chacune influencée par la couleur de sa peau. Il constate plus qu'il ne critique, il n'est pas dans l'accusation véhémente, il donne des pistes de réponses et des pistes pour avancer... J'ai particulièrement aimé le troisième texte sur la culpabilité ressentie pour les Blancs qui teinte chacune de leurs actions et sur la façon dont une nation d'immigrés s'est construite sur un idéal impossible. À lire."

• Et comment cela s'est-il fini ?

   "J'ai d'autant plus envie d'approfondir ma connaissance de la plume de James Baldwin, peut-être avec l'un de ses romans, et ça me paraît être le meilleur objectif que peut atteindre cette collection, d'éveiller encore plus notre curiosité."

 

    Mlle Alice, merci, et à mercredi prochain...

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Alors, vous craquez pour "Dark Days" ?

As de Pique de Faridah Àbiké-Iyimidé

• Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec As de Pique ?

   "Durant mes études de psychologie, j'ai étudié la rumeur et la façon dont elle se répand. C'est fascinant. Abject mais fascinant. J'ai donc toujours du mal à résister à une histoire qui traite de ce sujet et j'ai en plus eu la chance de recevoir ce livre de la part des éditions De Saxus."

• Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

   "Devon et Chiamaka sont des éléves brillants, étudiant dans un institut côté et dont l'avenir est presque tout tracé. Seulement voilà, depuis la rentrée, quelqu'un s'acharne à dévoiler tous leurs secrets, à répandre les pires rumeurs sur eux. Bien qu'ils refusent d'y croire, est-ce parce qu'ils sont les deux seuls élèves noirs de Niveus ?"

• Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?

   "J'ai vécu les montagnes russes avec ce roman. Tout d'abord, j'ai été un peu déçue par le côté très Gossip Girl et peu original des premières pages. L'auteur ne s'en cache pas, elle adorait cette série et voulait en écrire une version avec des héros noirs. De mon côté, j'attendais plus et en continuant à tourner les pages, je n'ai pas été déçue ! Peu à peu, l'ambiance s'épaissit, et il devient presque impossible de lâcher le roman, on veut savoir et l'angoisse monte. C'est bien écrit, c'est très efficace et j'ai aimé les idées mises en place par l'autrice, je dois même dire que, malheureusement, je ne les ai pas trouvées invraisemblables. Elle dénonce le racisme bien sûr mais pas seulement, elle dénonce tout un système gangréné jusqu'à la moelle et elle a raison de le faire. Le problème, et pour moi c'en est un important, et même grave sachant que c'est un livre jeunesse, c'est qu'il n'y a aucune nuance. J'ai eu beau attendre, cette fois ce fut en vain. La dichotomie est totale, les blancs d'un côté, les noirs de l'autre et surtout, tous les blancs sont mauvais, tous les blancs sont racistes."

• Et comment cela s'est-il fini ?

   "Malgré de belles qualités, et une fin que j'ai aimé, ce que je ressens en refermant ce livre, c'est juste une très grande tristesse."

 

    Mlle Alice, merci, et à samedi prochain...

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Alors, vous craquez pour "As de Pique" ?